S. Mezane , M. Achnani , M. Ziyadi , A. Babahabib , R. Hafidi , D. Moussaoui , Dehayni
Les pathologies hypertensives de la grossesse figurent parmi les premières causes maternelles de morbidité sévère et de mortalité particulièrement dans les pays en voie de développement. Dans les pays développés, l’éclampsie est un événement rare, mais demeure responsable d’une mortalité maternelle non négligeable. Depuis plus d’un siècle, le sulfate de magnésium est largement utilisé aux États-Unis dans de nombreuses indications obstétricales dont le traitement des crises d’éclampsie. Il ne semble pas exister de consensus pour traiter ou prévenir les convulsions par le sulfate de magnésium. Cependant, un essai randomisé, multicentrique, de grande taille a montré que les patientes traitées par sulfate de magnésium ont présenté une réduction significative du risque de récurrence des convulsions par rapport aux patientes traitées par diazépam ou phénytoïne. De plus, le sulfate de magnésium a été associé à une diminution non significative de la mortalité maternelle. L'objectif principal de la prophylaxie par le sulfate de magnésium parmi les femmes pré éclamptiques est d'éviter ou de réduire le taux d'éclampsie et de complications associées à l'éclampsie. Cependant, plusieurs arguments viennent pondérer une large utilisation de cette molécule : la très faible prévalence de l'éclampsie dans les pays industrialisés, l'absence d’effet du sulfate de magnésium sur la mortalité et la morbidité périnatales, des effets secondaires nombreux, parfois graves comme la dépression respiratoire. La prescription de sulfate de magnésium doit donc dépendre du rapport bénéfices/risques qui est directement corrélé à la prévalence de l'éclampsie selon le groupe de risque considéré. Malgré plusieurs méta-analyses et études randomisées méthodologiquement inattaquables ayant démontré ses bénéfices dans le traitement et la prévention de l’éclampsie, et malgré les Recommandations pour la Pratique Clinique de plusieurs sociétés savantes ayant formalisé ses modalités d’utilisation, l’emploi de cette molécule reste controversée. Beaucoup d’obstétriciens considèrent que les risques inhérents à cette thérapeutique demeurent supérieurs à ses bénéfices. Cela amène à s’interroger sur la place de ce traitement dans la prévention de la survenue d’une première crise d’éclampsie. Nous rapportons trois observations de l’intoxication par sulfate de magnésium dans le traitement de la prééclampsie.
Published Date: 2013-10-12;